Quand on rencontre quelqu'un, on sefait parfois une idée de lui non-conforme à ce qu'il est réellement. Je comprends que c'est que qui s'est passé avec Eddie.
J'ai été attirée par son côté non-conventionnel. Ce n'était pas l'expat de base, ni la Française mariée à un Ifriqyien de base, non plus. Drôle, tonique, caustique, elle dissimulait des blessures profondes que je n'ai pas vu du tout et qui ont fini par ressortir.
Il est donc important que j'évite cela à l'avenir. Or, j'ai une forte tendance à projeter des trucs sur les gens. Je pense qu'on le fait tous, mais comment éviter les drames?
D'abord, il faut établir plus de distance. Je ne dois pas me laisser aller à la sympathie superficielle qui peut s'établir très vite entre les gens.
Ensuite, attention aux relations. Rendre service, par exemple, pose un problème. Chaque fois que je peux, je veux rendre service. Mais ce n'est pas une bonne idée. Comment procéder?
Mon raisonnement est le suivant : si je vais d'un point a à un point b et que je croise quelqu'un qui y va aussi et qui n' pas de voiture, je le prend avec moi. Correct, non? Seulement, il faut bien que j'en arrive à la conclusion que cela m'amène à être prise pour une poire.
En réfléchissant, je crois que je dérape parfois. Exemple : je vais de a à b, et X me demande si je peux me détourner légèrement de ma route pour passer à c, qui n'est pas sur le segment ab. J'accepte. Là est l'erreur. je dois peut-être refuser cela, sauf quand je connais les gens.
Non, je sais. Je sais, j'ai trouvé.
Quelque soit les points que je relie, j'attends, en allant de a à b, passant ou pas par c, à ce que l'on en arrive à la conclusion que je suis sympa. En fait, on en arrive à ce que je disais ailleurs, je crois : avant, j'essayais toujours d'être sympa. Je fais des trucs sympa, pour donner de moi une image sympa.
C'est ça l'erreur. En fait je ne donne pas : j'attends en retour. Je souhaite donc initier un échange, ce qui n'est pas un problème, sauf que c'est un non-dit, même moi je me le cache (je viens de m'en rendre compte là).
Or donc : la prochaine fois que je rendrai un service (je ne peux pas me dire que je rendrais plus de service, ce n'est pas possible, j'aurais honte de moi, même si personne ne pense à ce que je n'ai pas fait), je le ferais parce que je sais que je ne peux pas ne pas le faire. Parce que je veux m'épargner à moi-même un sentiment de culpabilité. L'étape suivante, donner de moi-même l'image d'une fille sympa, je dois laisser tomber. D'ailleurs, cette année, j'ai découvert que je n'étais pas sympa. Mes intentions envers les gens sont bonnes en général, mais je les juge avec une sévérité que rien n'autorise à trouver sympa.
Le problème c'est de tout mélanger.
Moi, c'est moi - je ne sais pas qui je vois quand je regarde en moi-même.
Mes attitudes, c'est moi, mais pas complètement. Je choisis de faire certaines choses parce que je veux les faire. Ces choses visent généralement à "être sympa". Je discerne là-dedans le cadavre de mes relations avec ma mère et ma soeur. C'est comme si j'essayais éternellement de prouver à ma mère que je suis gentille et que je veux l'aider, parce qu'elle me reprochait d'être froide et elle disait de moi que je "vivais à côté des gens". J'ai combattu cela en moi, et on pourrait chercher à savoir si je suis comme ça parce que ma chère mère me disait telle ou parce que c'est moi.
Il faut bien voir la réalité : je vis à côté des gens, même si j'ai besoin d'eux, pour, en quelque sorte, décorer ma vie intérieure, je ne suis pas du tout conviviale, et j'aime de moins en moins recevoir des "amis" chez moi - j'e ressens de moins en moins d'amitié, d'ailleurs.
C'est triste, c'est lugubre, je m'en veux d'être comme ça mais paradoxalement je me sens plus légère. Je m'en sors en me disant que je dois être névrosée, voire pire (avec la famille que j'ai, on ne peut pas y échapper). Mais tout de même, de loin, j'aime bien les gens et je n'aime pas me voir enfermée dans ma tour (même si j'y suis bien).
Donc, je dois rendre service. C'est égoïste, cela me déculpabilise de me voir telle que je suis, mais tant qu'à faire, ça peut être utile, non?
C'est bien pour mes enfants aussi, parce que les pauvres, si je m'écoutais ils ne verraient personne.
Quoiqu'il en soit, je ne dois pas prendre ces services pour plus que cela : un dialogue social. L'erreur est d'en attendre plus de conséquences amicales ou souriantes. Ne rien en attendre d'autres que du pragmatique, un café ou une conversation sympa après un trajet en voiture. Ne pas inférer après la conversation ou le café que ça y est j'ai une nouvelle copine avec qui je vais pouvoir rigoler. Prendre la conversation ou le café pour ce qu'ils sont : un bon moment, et les apprécier comme tels.
Pour la profondeur, relire Sénèque. Il a déjà dit à peu près tout sur les rapports humains, donc inutile de chercher un vivant à qui le dire.
J'ai juste besoin des vivants pour un café.
Ou un thé, d'ailleurs.
dimanche 6 mai 2007
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